Mémoires de vie, mémoires d’un temps – Surgères et Aunis

Un récit émanant des histoires de vie des accordeurs de plus de soixante ans et témoignant de l’évolution de la société

L’Accorderie de Surgères et de l’Aunis, association prônant la coopération et le vivre-ensemble, a eu la volonté de mettre en lumière les histoires de vie de ses adhérents de plus de soixante ans. J’ai ainsi été missionnée de septembre 2020 à février 2021 pour contribuer à révéler les pépites nichées au creux des mémoires et à les matérialiser par la création d’un récit. Des ateliers thématiques, des entretiens téléphoniques et des témoignages écrits ont permis de recueillir ces histoires de vie comme autant de témoignages de l’évolution de la société depuis les années quarante.

De la « commande » à la construction du recueil de témoignages

Histoires-de-vie-Récits-d-ici

Comment préserver et transmettre la richesse des histoires et anecdotes des accordeurs de plus de soixante ans ? Comment leur permettre de s’exprimer sur certains évènements et en conserver une trace ? Comment valoriser les pépites de leurs histoires de vie ?

Ces questionnements animaient certains membres de l’Accorderie de Surgères et de l’Aunis face à la richesse émanant de discussions anodines. Pour remplir ces objectifs menant à la réalisation d’un récit spécifique, j’ai imaginé une entrée thématique facilitant la parole des accordeurs : cibler certains sujets a contribué à susciter l’envie de raconter et d’échanger des pans de leurs histoires.

Un recueil de témoignages agrémenté d’histoires et d’anecdotes

Quels souvenirs d’enfance remontent à la mémoire lorsque l’on aborde la famille, l’éducation, l’école ou la nourriture ? De quelle manière a démarré la vie active ? Comment a été perçu le mouvement de Mai 1968 ? Quels sont les vécus et ressentis quant à l’évolution de la « condition féminine » ?

Que cela soit par le biais d’ateliers thématiques, d’entretiens téléphoniques ou de témoignages écrits, les émotions éprouvées par les accordeurs en partageant leurs histoires étaient palpables…

Quelques extraits choisis :

J. a raconté avec amusement les stigmates dus à la « corvée d’eau » de son enfance : « Dès l’âge de quatre ans, j’ai régulièrement été mis à contribution pour aller chercher l’eau. Personne ne m’avait dit qu’il fallait que je porte le seau d’eau en utilisant successivement mes deux bras pour parcourir la centaine de mètres qui séparait le puits de la maison … Mon bras droit demeure encore aujourd’hui légèrement plus long que le gauche ! ».

G. se souvient quant à elle du stress éprouvé lors des rondes nocturnes effectuées par les allemands dans les rues de Surgères pendant la Seconde Guerre mondiale : « Les lumières des maisons devaient être invisibles de la rue. Si une moindre lueur perçait à travers les volets, les allemands frappaient aux portes. Notre porte d’entrée n’avait pas de volets… Chaque soir, nous fixions une épaisse couverture à l’aide de clous pour masquer la lumière… Si un clou lâchait, nous nous dépêchions d’en remettre un ».

Au fil des échanges, les accordeurs ont livré de nombreux éléments quant à l’évolution de la condition féminine. J. se souvient de l’instauration en 1965 de la possibilité pour les femmes mariées d’ouvrir un compte bancaire et d’exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari : « L’accès des femmes mariées aux comptes en banque et aux carnets de chèques a été un grand pas en avant. Toutes ces avancées m’ont procuré un sentiment de soulagement. J’étais heureux que les choses bougent enfin et que la dépendance imposée aux femmes s’atténue ».

Une mise en récit des témoignages avant une valorisation spécifique

La mise en récit des témoignages et histoires des accordeurs illustre à son échelle une partie de l’Histoire commune et de l’évolution de la société française. Le récit qui a été remis à l’Accorderie va être façonné par les accordeurs qui décideront des supports à créer pour sa transmission : affiches, mise en scène « théâtrale » avec présentation spécifique, livres, livrets thématiques, …

Ce type d’action de recueil de témoignages contribue à alimenter la mémoire et l’estime de soi, à lutter contre l’isolement et à renforcer le lien social (y compris « à distance ») : les rires et liens créés ou alimentés lors des échanges perdurent au-delà du temps dédié.

Atelier Histoires de vie en visio avec Récits d'ici

Vous souhaitez en savoir plus ?

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce projet ou sur mes prestations de recueil et de mise en récit de témoignages, contactez-moi !

Si vous souhaitez en savoir plus sur les actions menées par l’Accorderie de Surgères et de l’Aunis ou par le Réseau des Accorderies de France, contactez-les !

Share

Post a comment